Hazeline cream, Vanishing cream : découvrez l’histoire et la révolution scientifique derrière ces deux icones de la cosmétique moderne.
Dans le monde des cosmétiques, l’émulsion joue un rôle essentiel dans la formulation de produits de soin, et parmi les innovations les plus fascinantes, la Crème au stéarate mérite une attention particulière. En effet, bien au-delà de ses simples propriétés hydratantes, cette crème a fait ses preuves dans la restructuration de la peau, en particulier pour les peaux sèches et rêches. Dans cet article, nous vous proposons de plonger dans l’histoire de cette émulsion étonnante, d’explorer son mécanisme scientifique unique, et de découvrir des produits iconiques qui ont marqué l’industrie de la cosmétique.
L'Histoire de la Crème au Stéarate : une révolution dans le monde de la cosmétique
La Crème au Stéarate, aujourd’hui un produit cosmétique de référence pour prendre soin de la peau sèche et rêche, trouve ses origines en 1892, grâce à l’entreprise Burroughs & Wellcome. Fondée à Londres en 1880 par Silas Mainville Burroughs et Henry Solomon Wellcome, l’entreprise se distingue dès ses débuts par sa volonté de standardiser les formulations de médicaments et produits cosmétiques. Cette approche novatrice allait transformer non seulement l’industrie pharmaceutique, mais aussi le secteur des cosmétiques.
Les premières formules de Hazeline Snow (la Crème au Stéarate) étaient à l’origine destinées comme base de maquillage. Rapidement, son efficacité pour apaiser les peaux sèches et abîmées lui confère un succès commercial mondial. En 1892, la Crème au Stéarate était commercialisée pour ses propriétés émollientes et astringentes, grâce à l’ajout d’hamamélis (witch hazel), une plante aux vertus apaisantes et réparatrices.
Lire plusL’impact sur l’industrie cosmétique
L’impact de Burroughs & Wellcome sur l’industrie cosmétique est indéniable. En standardisant les formulations, l’entreprise a ouvert la voie à la production en masse et à la distribution à grande échelle. Cela a permis de transformer les produits cosmétiques en un marché mondial, et non plus limité à des préparations artisanales ou locales.
L’histoire de cette société met également en lumière l’émergence de nouveaux acteurs dans le domaine de la cosmétique. Par exemple, après la mort de Silas Burroughs en 1895, Henry Wellcome a concentré ses efforts sur la recherche scientifique, créant des laboratoires de recherche spécialisés dans la production de vaccins et de nouveaux médicaments, renforçant ainsi l’image de l’entreprise comme un leader de la pharmaceutique et de la cosmétique scientifique.
La chimie derrière la crème au stéarate : une émulsion innovante
La saponification et l’inversion de phase
La crème au stéarate utilise une méthode d’inversion de phase, un processus chimique complexe où une émulsion huile dans eau (O/W) est transformée en eau dans huile (W/O), et inversement. Ce procédé repose sur l’utilisation de bases comme la soude (NaOH) et la potasse (KOH), qui déclenchent une réaction de saponification partielle de l’acide stéarique.
Les bases jouent un rôle essentiel dans cette réaction. La soude et la potasse agissent comme des catalyseurs, permettant la conversion partielle de l’acide stéarique en savon. Ce savon aide à stabiliser l’émulsion à phase continue grasse, avant que l’inversion de phase ne se produise et que la formulation ne se stabilise sous forme d’un gel avec une structure en bicouche de cristaux liquides.
Les bases (triethanolamine, soude et potasse) apportent également de la souplesse à la formulation et participent à la formation de la texture nacrée de la crème au stéarate, un aspect typique de cette émulsion après inversion de phase.
Structure en bicouche et hydratation
Une fois l’inversion de phase réalisée, la Crème au Stéarate adopte une structure en cristaux liquides. Ces bicouches lipidiques capturent l’eau, mais cette eau est structurée d’une manière particulière, appelée eau-comme-de-la-glace. Cette eau, agissant comme une « cage » autour de certaines molécules hydrophobes, favorise l’agrégation des protéines dans l’épiderme, comme la filaggrine et la kératine. Ce processus n’hydrate pas directement la peau mais restructure les couches superficielles de l’épiderme, renforçant ainsi la barrière cutanée et la protégeant contre les agressions extérieures.
Les ingrédients clés de l’émulsion
- Acide stéarique : Un acide gras essentiel à la formation des bicouches lipidiques.
- Glycéryle stéarate : Un émulsifiant qui aide à stabiliser l’émulsion et favorise la formation de cristaux liquides.
- Soude et potasse : Ces bases permettent la saponification de l’acide stéarique, déclenchant ainsi l’inversion de phase et la formation d’un gel crémeux.
- Glycérine : Un humectant qui stabilise la phase aqueuse et contribue à la souplesse de la crème.

Des icônes historiques aux produits incontournables de la French Pharmacy moderne
Hazeline cream et Vanishing cream
La crème au stéarate, sous son nom commercial de Hazeline Snow, fut l’un des premiers produits à exploiter la technologie d’inversion de phase pour obtenir une texture légère et efficace. Cette innovation ne se limitait pas à son efficacité pour apaiser la peau, mais aussi pour offrir une émulsion non grasse, rapidement absorbée par la peau sans laisser de traces. Ce produit fut un précurseur des crèmes Vanishing Cream, populaires à partir des années 1920, qui allaient influencer des marques comme Pond’s et Olay dans les décennies suivantes.
Les icones modernes de la French Pharmacy
Les principes chimiques utilisés dans la crème au stéarate, notamment l’inversion de phase, sont toujours présents dans les formulations modernes. Le lait concentré d’Embryolisse et la crème Biafine, utilisent des ingrédients similaires tels que l’acide stéarique et le glycéryle stéarate dans leurs crèmes et la Triethanolamine comme base pour la saponification. Ces produits sont conçus pour nourrir les peaux sèches, irritées ou abîmées et petit clin d’oeil à l’histoire de cette émulsion : le lait crème concentré était à l’origine destiné aux maquilleurs qui l’utilisaient comme base de maquillage … cela nous fait immanquablement penser aux premiers entrepreneurs à avoir exploité les bienfaits de ce processus chimique !